Après les tâches de création des campagnes et de configuration de leur diffusion, l’optimisation représente une grande partie du travail des marketeurs sur le web. Sauf dans le cadre d’opérations se déroulant sur une période très courte (comme l’habillage de la page d’accueil d’un grand portail par exemple), il est possible de tirer avantage du temps pendant lequel les campagnes sont diffusées pour les optimiser. L’amélioration de leurs performances permettra de diffuser plus d’annonces à moindre coût, donc de mieux rentabiliser les budgets dépensés.
L’optimisation des campagnes se fait sur plusieurs axes :
Nous avons déjà abordé la façon dont les serveurs de publicité mesurent et enregistrent les données afférentes à chaque campagne : le nombre d’affichages, le taux de clics et parfois les conversions. Ce sont grâce à ces valeurs que nous allons pouvoir les optimiser.
Pour favoriser le travail d’optimisation, il est nécessaire de prévoir un nombre suffisant de segments publicitaires différents. Un segment publicitaire est une certaine combinaison des paramètres qui définissent une campagne. Pour une campagne sur les moteurs de recherche, un segment représentera par exemple la combinaison d’un mot clé, d’une annonce et d’une page de destination. Pour une campagne d’affichage, un segment sera la combinaison d’une bannière, d’un emplacement et du site sur laquelle elle est affichée.
Plus les segments seront nombreux, plus il sera probable de trouver parmi eux au moins une combinaison particulièrement performante. D’ailleurs, plus les combinaisons seront différentes, plus les résultats seront tranchés. Il sera plus facile de départager deux bannières conçues selon des principes opposés (car leurs performances seront probablement plus éloignées) que deux bannières très proches. Il est donc non seulement préférable de prévoir de nombreuses variations mais également de faire en sorte que celles-ci soient suffisamment différentes. Voici les éléments sur lesquels est possible de jouer pour faire varier la conception (donc la performance) des publicités :
Il n’y a pas une quantité de variations idéale. Il est parfois complexe, coûteux et consommateur de temps de prévoir plusieurs bannières par format, plusieurs annonces par mots clés. Cependant, il s’agit souvent d’un investissement rentable. S’il se trouve que, parmi toutes les annonces, une d’entre elles atteint un taux de clic très élevé, la rentabilité de la campagne ne sera pas du tout la même ! Malgré notre expérience, nous sommes rarement capables de deviner quelle publicité plaira le plus aux internautes.
Pour identifier les publicités les plus performantes, le marketeur devra suivre leurs indicateurs (taux de clic, taux de conversion). Dès qu’une différence suffisante apparaît, devra arrêter la diffusion des annonces les moins performantes. Si le budget quotidien ne change pas, la conséquence sera que les meilleures seront plus diffusées, donc que la campagne bénéficiera globalement d’un meilleur taux de clic, donc d’une diffusion moins coûteuse. Cette méthode fait penser à la sélection naturelle : un grand nombre de créations sont soumises aux internautes et seules les meilleures subsistent.
Il est possible de paramétrer certains adservers pour qu’ils fassent une auto-optimisation des bannières. Cela signifie qu’ils vont automatiquement sur-diffuser celles qui obtiennent le meilleur taux de clic. C’est le cas de Facebook, par exemple, qui, au bout de quelques heures, sait déjà sur quelles annonces la diffusion va se concentrer (si le nombre de clics est suffisant). Sur Adwords, cette fonctionnalité est également disponible mais optionnelle (cela fait l’objet d’un réglage dans les paramètres de la campagne).
Le secret d’une bonne campagne est d’abord sa capacité à toucher, avec des annonces personnalisées, des groupes d’internautes très ciblés. L’amélioration des campagnes passe donc par l’amélioration de leur ciblage. Cela consiste concrètement à :
Nous avons déjà parlé, par exemple, de l’exclusion de mots clés dans le chapitre dédié à Google Adwords : en interdisant l’affichage des annonces lorsque certains termes néfastes sont compris dans la requête de l’internaute, on fait mécaniquement augmenter les taux de clics. Si l’on ne vend que du chocolat noir, on pourra choisir d’exclure les mots « blanc » et « lait » par exemple (sauf si l’on sait que ces requêtes sont aussi le fait d’amateurs de chocolats noirs). Avec certaines régies, il est également possible d’exclure les internautes sur un critère géographique.
Lorsque vous concevez vos campagnes, il est préférable comme nous l’avons dit de prévoir de multiples annonces de façon à pouvoir détecter les meilleures d’entre elles. Attention cependant : plus votre campagne est complexe, plus il vous faudra générer d’affichages, de clics et de conversions pour faire ressortir les versions les plus performantes de façon certaine ! Par exemple, pour obtenir une mesure précise à ±0,04% sur un taux de clic de 0,4% il faut déjà 100.000 affichages (nous voyons ci-dessous comment calculer ce chiffre).
Les méthodes d’optimisation que nous venons d’aborder permettent d’augmenter les taux de clic, donc d’augmenter le trafic généré par une campagne à coût constant. Mais nous pouvons aller encore plus loin ! Augmenter la quantité de personnes qui arrivent sur le site de l’annonceur est une activité louable mais rien de garantit le résultat. En d’autres termes, la qualité du ciblage compte aussi. Un trafic modeste de personnes très motivées peut être tout aussi rentable qu’un grand nombre d’internautes mal ciblés, c’est-à-dire dont l’intérêt pour l’offre de l’annonceur est très faible. L’analyse web permet de qualifier les sources de trafic afin d’ajuster le ciblage en amont.
Parmi les indicateurs importants que l’on trouve dans les rapports des outils d’analyse web, trois permettent de mesurer qualitativement une source de trafic : le temps passé par visite, le nombre de pages vues par visite et le taux de rebond. Si le taux de conversion est disponible, il prend bien entendu l’avantage. Ces trois indicateurs sont utiles car ils permettent de savoir si, une fois arrivés sur le site, les internautes choisissent de continuer leur navigation. Si c’est le cas, cela signifie que le contenu du site répond à leurs attentes et que la campagne est bien ciblée. Dans le cas inverse, cela signifie que la campagne fait venir des visiteurs qui ne sont pas réellement intéressés par l’offre ou qui ne sont pas dans un processus d’achat.
L’optimisation des campagnes et des sources de trafic est cruciale mais ne constitue pas l’unique zone d’amélioration possible. Les internautes qui arrivent sur votre site n’ont pas encore décidé de passer à l’action. En tout cas, il est permis de penser qu’ils ne sont pas tous dans ce cas. Ce qu’ils vont trouver sur la page de destination, puis au gré de leur navigation sur votre site, va conditionner leur réaction. En d’autres termes, faire un travail performant de ciblage et de qualification des sources de trafic est nécessaire mais pas suffisant.
Nous avons couvert l’accueil des internautes dès le début de cet ouvrage. Vous pouvez vous y reporter pour y redécouvrir les recommandations et les bonnes pratiques qui permettent de bien recevoir votre trafic. Vous n’aurez cependant pas forcément « tout juste » du premier coup et vous voudrez peut-être optimiser la conception des pages ou des sites sur lesquels vous dirigez vos campagnes. Voici les éléments qui pourront faire l’objet d’une amélioration :
L’optimisation des sites ou des pages web n’est pas aussi simple que les opérations de sélection des campagnes. Nous avons vu ci-dessus comment, en nous basant sur quelques chiffres, nous pouvions écarter les moins performantes. Mais à l’inverse, comment juger de la qualité d’une page de destination si nous n’en avons qu’une ? Nous allons découvrir comment ci-dessous.
Tout comme pour les campagnes, nous ne savons pas à l’avance quelle conception de page de destination fonctionnera le mieux dans le cadre d’une opération promotionnelle. Lorsque cela est possible, c’est-à-dire lorsque le temps et le budget sont disponibles, les marketeurs web en conçoivent plusieurs versions et tentent de déterminer au moyen de tests laquelle est la plus performante.
Comparer la performance de plusieurs pages de destination n’est possible que si chacune d’entre elles reçoit un trafic similaire, c’est-à-dire de la même source, des mêmes mots clés et des mêmes annonces. Si cette condition n’est pas vérifiée, il n’est pas possible d’obtenir des résultats statistiquement valables (imaginez qu’un mot clé apporte un trafic très qualifié à seulement l’une des pages testées). C’est pour pouvoir déterminer scientifiquement les meilleures pages de destination que les technologies permettant de mettre en place des campagnes de test sont apparues. L’outil le plus connu étant L’Optimiseur de Site de Google (Google Website Optimizer ou GWO). Ces tests consistent à mettre en concurrence plusieurs versions d’une même page et d’y diriger à chacune une partie équivalente du trafic d’une même campagne.
Les outils de test offrent deux possibilités.
Comment choisir la méthode de test la plus adaptée ? Le choix dépend de trois critères :
Les campagnes de test ne sont pas toujours riches en enseignement. Il n’est pas toujours possible de déterminer si une page est vraiment plus performante qu’une autre (les marges d’erreur sont automatiquement calculées). Il est donc important de prévoir les tests de telle façon que :
Un entonnoir de conversion, tel qu’il est visible dans un outil d’analyse web, permet de suivre étape par étape le parcours des internautes jusqu’à l’objectif de conversion. Dans certain cas, comme par exemple pour l’inscription à une newsletter, il n’y a pas réellement d’étape : l’internaute rentre son email dans un formulaire et valide son inscription. Mais dans le cas d’un site e-commerce, avant d’arriver à la page de remerciement, l’internaute doit passer par plusieurs étapes qui vont lui permettre de fournir des informations au commerçant concernant sa commande. C’est aussi le cas des sites qui nécessitent une inscription sur un formulaire si long qu’il est découpé en plusieurs pages. Dans le cadre d’un site e-commerce, les étapes sont le plus souvent :
Pour configurer un entonnoir dans votre outil d’analyse web, il vous faudra spécifier l’URL des différentes étapes. Vous aurez alors accès au rapport qui va vous permettre de visualiser les quantités de visiteurs qui quittent le processus à chaque étape, et donc de déterminer quelles sont les pages de votre entonnoir qu’il faudra optimiser pour conserver un maximum d’internautes jusqu’à l’objectif de conversion.
Le processus d’optimisation du marketing web est complexe. Les sources d’informations sont multiples : adservers, outils d’analyse web et campagnes de test. Les leviers d’optimisation aussi : les annonces, le ciblage, les pages de destination. De plus, les campagnes changent souvent, ne serait-ce que sous l’effet de la saisonnalité. Il en est de même pour l’offre de l’annonceur et son site. Dans la « vraie vie » il n’est pas toujours possible de prévoir à l’avance un plan d’optimisation précis. Dans la plupart des cas, on s’attachera à optimiser une campagne, une page de destination ou une opération (par exemple un jeu concours) lorsque l’occasion se présente. Cela nécessite du temps, et d’une certaine manière un investissement, car créer des versions de test demande du travail aux graphistes et aux développeurs. En outre, la multiplication des publicités ou des pages de destinations peut générer un manque à gagner si la conversion est vraiment dégradée pendant la période dédiée à l’optimisation.
L’optimisation doit donc se voir comme un cycle permanent plutôt que comme une opération ponctuelle. Il faut s’attacher à optimiser les campagnes régulièrement et à tirer les enseignements des opérations précédentes. Enfin, il faut s’assurer d’avoir assez de candidats (bannières, mots clés, pages de destination) à ce processus de « sélection naturelle » que nous avons décrit. Malgré notre expérience et notre intuition, nous ne sommes pas toujours à même de deviner à l’avance quelle version sera la meilleure.